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Légendes

L'homme au tricorne et aux dents couleur cuir

Dans la ruelle du haut, à côté de la fontaine communale, se trouvait, jusque vers la fin du siècle dernier, la vieille maison curiale de Knoeringue, servant également de grange dimière.

Ce lieu n’était pas rassurant.
La nuit, à l’heure des revenants, on entendait du bruit, du tapage au dernier étage, et personne n’osait y monter.
Et pendant la journée, on pouvait voir parfois dans le bâtiment, un homme grand et maigre en habit sombre avec des boutons argentés, un visage pâle et dents brunes comme cuir.
Sur la tête il portait un tricorne et dans la main une canne à pommeau métallique.

Personne ne put tenir longtemps dans cette demeure.
C’est pourquoi elle était le plus souvent inhabitée.
Même les enfants évitaient d’y jouer à cache-cache.

Traduction d'une tradition orale relatée en allemand par Eugène Wacker dans l’Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau de 1937.

 

Le bonhomme sous le trou de chouette

Un matin, les batteurs casse-croûtaient dans la grange des "Grossa".

L'un d'eux prend dans sa main une long brin de paille et dit; "Avez-vous déjà entendu qu'on pourrait se pendre avec une paille telle que celle-ci?" "Et pourquoi pas!" dit un autre, "ce sont des histoires de bonne femme." Il se saisit du brin de paille et veut montrer comme il se rompt facilement.

Mais à ce moment ils entendent une voix au-dessus d'eux et, lorsqu'ils lèvent les yeux, ils voient, en-haut, sous le trou de chouette de la grange, la tête et les épaules d'un petit bonhomme.
Il a un visage pâle, un bouc, une petite veste rouge et des mains toutes noires. Ce bonhomme a rigolé et leur a crié "Hi! Hi! J'y passe un fin fil de fer et il tiendra bien!"

Et soudain il a disparu. Mais, là où il avait posé ses mains, le bois de chêne du trou de chouette est resté tout noir.

Traduction d'une tradition orale relatée en dialecte alsacien (sundgauvien) par Eugène Wacker dans l’Annuaire de la Société d’Histoire du Sundgau de 1937.

 

Toni, le berger de Knoeringue

A Knoeringue l'on avait embauché, Toni, un immigré suisse, comme berger. Un jour, accusé d'incendie volontaire et reconnaissant les faits, il fut condamné aux galères à perpétuité. Mais il se pendit en prison.

Toni ne trouva pas le repos, rôdant sous la forme d'un grand lièvre. Ainsi les Knoeringuois le virent souvent courir par ruelles et jardins. Les chiens ne l'attaquaient jamais mais se cachaient, effrayés. Un jour un garçon voulut lui lancer un morceau de bois, mais, ce faisant, il se démit l'épaule.

Longtemps après, le garde-champêtre le rencontra. Il prit son fusil et le chargea avec du sel béni. Un coup ... le lièvre disparut. Depuis, personne ne l'a revu.

Traduction d'une tradition orale relatée en allemand par Eugène Wacker dans le livre "Die Sagen des Elsasses" (Légendes d'Alsace) en 1940.